Mes premiers mois d’expatriation

Laurence, responsable marketing à Paris, a suivi son conjoint avec leurs deux enfants aux Etats-Unis. Ils sont arrivés depuis 8 mois.

Comment avez-vous pris la décision ? Qu’est-ce qui a été facile, difficile ?

Nous avions cette idée en tête depuis quelques années: vivre une expérience de quelques années à l’étranger.
Lorsque l’occasion s’est présentée, les Etats-Unis nous semblaient le pays idéal puisque j’ai la nationalité franco-américaine, que nous maîtrisons la langue et que j’ai de la famille sur place. Ce n’était finalement pas totalement une terre inconnue. Pour les enfants, c’était l’occasion d’apprendre l’anglais et pour nous, celle de véritablement connaître ce pays dont on parle tant et de nous enrichir, tout simplement.

En revanche, passer des projets idéalisés à la réalité n’a pas été aussi évident. Il m’a été difficile de poser ma démission sachant que je n’avais aucune garantie de retrouver un job sur place. Or travailler était et reste primordial pour moi. Tout lâcher, c’est grisant mais les risques ne sont pas neutres.

Tu souhaites travailler, quel est ton projet ?

Mon projet évolue chaque jour. En tant qu’expatriée, il faut apprendre à s’adapter à son nouvel environnement. Aujourd’hui j’essaie de rajouter des cordes à mon arc, je n’ai plus 1 mais plusieurs projets !

J’ai commencé par chercher un emploi identique à celui que j’occupais dans le marketing en France, mais les postes sont rares et ne collent pas à mon expérience.

Aujourd’hui, je lance également un blog professionnel sur les réseaux sociaux. C’est une expertise que je souhaite développer ici, dans un pays où ils sont souvent en avance dans le domaine marketing. Mais dans 6 mois, qui sait ce que je ferai ?

Dans quel état d’esprit as-tu démarré ta recherche d’emploi ?

J’étais confiante, j’avais l’expérience, il ne manquait plus que le poste qui correspondait.  Je n’avais pas forcément appréhendé la difficulté de chercher un emploi sur un marché que l’on ne connaît pas, les intitulés des offres ne sont pas les mêmes, les attentes différentes, et la probabilité d’un retour en France n’est pas un gage de stabilité pour les entreprises.

Quelles démarches as-tu effectuées ?

J’ai commencé par mettre à jour mon CV, en version anglaise, m’inscrire sur les sites d’annonces d’emploi et me rendre visible sur LinkedIn. Ensuite, j’ai acheté des livres américains sur la recherche d’emploi afin de mieux comprendre les méthodes et attentes locales.

Aujourd’hui, je m’active un peu plus sur la partie « networking », il n’y a rien de mieux que de discuter et rencontrer les gens pour comprendre et saisir les occasions qui se présentent.

Quels succès as-tu eu ?

J’ai très rapidement décroché des entretiens, notamment grâce à mon activité sur LinkedIn.  C’était une bonne surprise, car l’activité économique dans la région n’est pas au beau fixe.

J’ai également lancé mon blog personnel sur ma vie de « desperate french mom aux USA » qui a aujourd’hui pas mal de succès. Ce n’est pas directement lié à ma recherche d’emploi, mais le fait de partager participe beaucoup à l’équilibre et la confiance en soi.

Quelles difficultés as-tu rencontrées ?

2 principales difficultés :

Le temps : je m’occupe également de mes 2 enfants en bas-âge qui vont à l’école 2 à 3 jours par semaine. Ce n’est pas toujours facile de jongler avec la vie de femme au foyer et celle de femme en recherche d’emploi. Mais financièrement mon conjoint n’a pas le statut d’expat, donc pas possible de payer une garde à temps plein pour les loustics !

Le Feedback : je n’ai pas eu de retour sur mes entretiens, j’ai passé plusieurs niveaux mais sans aller jusqu’à l’offre d’emploi. En France, j’aurais pu immédiatement en identifier la raison. Ici c’est plus difficile. Il n’y a pas de feedback, tout est très politiquement correct, ce qui ne m’aide pas pour corriger le tir si nécessaire.

Comment les as-tu surmontées ?

Je ne les ai pas encore totalement surmontées…work in progress !

Pour le temps, j’essaie d’être HYPER efficace, et je réorganiserai la garde des enfants si nécessaire.

Pour le feedback, plus je rencontrerai de personnes ici, actives dans mon domaine d’expertise (marketing) mieux je saurai m’adapter aux attentes spécifiques du marché de l’emploi ici.

Quelles sont tes ressources pour avancer dans l’aboutissement de ton projet ?

Ma motivation et mon envie de continuer à avancer et apprendre sur le domaine professionnel. C’est une question de survie pour moi !

Le partage d’expérience avec toi avec qui nous échangeons presque quotidiennement sur nos projets mutuels.

Les associations locales : association dédiées aux femmes, associations marketing.

Mon conjoint qui me sponsorise en l’absence de salaire et me soutien dans mes initiatives :- )

Comment fais-tu pour maintenir ta motivation et ton envie?

J’ai besoin d’avoir le sentiment que j’avance. La théorie des petits pas, chaque progrès est une victoire. Donc je reste active, j’essaie chaque jour de faire quelquechose dont je suis fière, ça peut être assister à un évènement networking et arriver à communiquer avec un autochtone, publier un post sur mon blog, trouver le slogan de mon site pro…  Mais soyons honnête, il y a des hauts et des bas!

Quelles sont tes prochaines étapes ?

Prochaine étape clé, lancer mon site pour les débutants en réseaux sociaux et ainsi partager mon expérience aux Etats-Unis : découverte du networking, apprentissage de Linkedin, Blogs et autres petits bonheurs.

Mon but est de continuer à avancer coûte que coûte !

Avec le recul, qu’est-ce qui t’aurait aidé ? Quels conseils pourraient-tu donner à des femmes qui vont démarrer leur recherche d’emploi à l’étranger ?

Difficile à dire, je ne suis pas sûre que j’aurai pu anticiper quoique ce soit.

Avant de partir, la préparation de la grande aventure prend beaucoup de temps et d’énergie, et c’est bien normal.

Une fois arrivés, on installe la petite famille et cela prend du temps. Ce n’est qu’après 4 mois que j’ai commencé à chercher pour moi.  Il faut simplement accepter cette période de latence.

En revanche, une fois sur place et prête a démarrer sa recherche d’emploi, je pense qu’une ressource clé est l’échange avec d’autres femmes expatriées qui ont connu ou connaissent les mêmes difficultés, réussites, questionnements que vous. Ca aide terriblement à remettre le tout en perspective.

Comment décrirais-tu une femme de challenges?

Très honnêtement, je pense que chaque mère qui souhaite rester active professionnellement est une femme de challenge. Parce qu’aujourd’hui parvenir à se réaliser professionnellement tout en conservant une vie familiale épanouie, c’est un véritable challenge! Plus largement, ce sont les femmes qui ont la capacité ou la nécessité parfois de se dépasser pour trouver et créer leur propre équilibre de vie.

en es-tu une?

Maman de 2 petits garnements, expat, blogeuse, en recherche d’emploi…Oh oui!!